Blottie au pied du Mont-Mégantic, La Patrie s'est développée en harmonie avec la nature. Son histoire reflète une étape importante de la colonisation des Cantons-de-l'Est : celle du ''Rapatriement'' où en 1875 les Canadiens installés dans les villes industrielles des États-Unis sont invités à revenir à leur lieu d'origine, le Québec.
Mais avant, le territoire était sauvage et on peut supposer qu'il était utilisé par les Amérindiens depuis les berges du Lac aux Araignées. Laissé sauvage pendant longtemps, c'est en 1802 que la région est vouée à devenir un refuge aux immigrants d'Angleterre et aux loyalistes venus des États-Unis. Trois cantons sont alors délimités: Ditton (La Patrie), Chesham (Notre-Dame des Bois) et Emberton (Chartierville). Mais faute de routes et de moyens de transport ces cantons resteront inexploités pendant environ une soixantaine d'années.
De 1861 à 1864, le gouvernement tracera un premier chemin reliant Scotstown à la rivière Arnold, au sud de Lac-Mégantic, qui deviendra par la suite l'actuel chemin Hampden, et qui amènera les premiers explorateurs de l'époque.
Luther Hubbard Weston sera le premier résident permanent à bâtir un moulin à scie à Ditton. En 1862, Herbert French, prendra possession de son lot pour y bâtir un chantier sur le bord de la rivière Ditton; vers la fin de l'année 1867 il construira un hôtel dans West Ditton et le 1er mai 1868 il y ouvrira un bureau de poste.
Richard Dawson et son épouse Élisabeth Moody viendront habiter la première maison construite dans West Ditton et c'est le 26 mai 1865 que naîtra John Henri Ditton Dawson, premier né dans la colonie.
En 1867 et 1868, Ditton voit arriver plusieurs nouveaux colons dont une colonie norvégienne de seize familles en provenance des États-Unis mais le climat et le travail de défrichement, faute de moyens, fera en sorte de décourager ces derniers et ils repartiront peu de temps après pour s'établir dans l'Ouest canadien. En 1870 on bâtit treize maisons qui furent occupées par des immigrants venus d'Angleterre dans un rang qu'on nomma New England ( aujourd'hui la Petite Angleterre). Et c'est cette même année que les premiers Canadiens français s'établissent dans Ditton; il s'agit, entre autre de Joseph Dubreuil, Jean-Baptiste Brousseau, Étienne Gobeil et Pierre Lacasse, père et fils. Malgré l'arrivée de ces derniers colons ça ne suffisait pas à relever le défi de colonisation d'un si grand territoire et un va-et-vient incessant des habitants rendait instable la population de la région.
Le 23 février 1875, la mise en place de '' l'Acte de Rapatriement'' (loi fédérale sanctionné par le représentant de la reine Victoria) , fera en sorte de faciliter l'accès au territoire; en effet cet acte visait à ramener une partie des 400,000 Canadiens français émigrés aux Étas Unis. Les 14 et 15 avril de cette même année, il commençait déjà à porter fruit; le premier convoi de colons arrive dans Ditton. Jérôme Adolphe Chicoyne, agent de colonisation responsable de l'installation et du recrutement des rapatriés, y accueille 16 nouvelles familles. Le 16 avril 1875, au recensement on comptait 308 habitants et le 31 octobre de l'année suivante, la colonie avait triplé avec ses 969 habitants, quatre mille acres ont été défrichés et trois cent cinquante maisons ont été bâties.
Le 3 mai 1875 la population vote pour donner un nouveau nom à la colonie qui se voulait, par le rapatriement, une colonie canadienne française. À la suggestion de J.A.Chicoyne et avec l'accord de tous Ditton s'appellera désormais ''La Patrie''. Le 4 juin suivant, La Patrie reçoit le nom de ''Paroisse St-Pierre de La Patrie''en l'honneur de Pierre Garneau, ministre de l'Agriculture à cette époque et on dit que cet honneur revient aussi à l'abbé Pierre E. Gendreau, premier missionnaire de la colonie.
Le premier conseil municipal se forme en février 1876 avec comme premier maire, J. A. Chicoyne ( il occupera ce poste du 29 février 1876 jusqu'en mars 1878).
La colonie a véritablement pris son essor à compter de 1875 et n'a cessé de prospérer depuis ce temps. Aujourd'hui, La Patrie compte un peu plus de 800 Patriennes et Patriens.